Many Troudebouc - voleur par erreur

Je m'appelle Many Troudebouc. Enfin, c'est comme ça qu'on m'appelle aussi loin que je me souvienne. Je n'ai pas connu mes parents, je ne sais pas d'où je suis. J'ai été élevé par une vieille femme que l'on surnomme "La Chouette" dans la meute. C'est son rôle ici. Elever et dresser les nouveaux arrivants. Je suis le dernier arrivé.

La meute...... Une bande de voleurs, pillards, violeurs et assassins de la pire espèce.... ma... famille désormais. Des charognards qui enlèvent des bébés halflins à leurs parents et qui les élèvent comme du bétail, dans le but d'exploiter leur dextérité naturelle, pour en faire des voleurs dévoués à la cause de la meute.....

J'ai été dressé à voler. Ils m'ont entrainé à me mouvoir silencieusement, à crocheter serrures et portes, à tuer sans bruit, à poser des pièges, mais ils n'ont pas pensé à une chose : JE N'AIME PAS FAIRE CA !! Voler les gens ce n'est pas bien, et plus je grandis, plus j'ai du mal à accepter ce que je suis en train de devenir. Mais je dois faire semblant. Ces gens ne plaisantent pas et n'hésiteraient pas à se débarrasser de moi s'ils se doutaient de ma vrai nature.

Alors j'ai décidé d'apprendre le plus de choses possibles à leur contact. Je vais laisser un peu de temps passer et quand je serai prêt, je leur fausserai compagnie. Je ne sais pas ou j'irai, ce que je ferai, mais ceci est secondaire. Le principal c'est de sortir de la meute.

Je dois avoir entre 16 et 18 ans aujourd'hui, personne ne sait vraiment, et tout le monde s'en moque en fait. Au fil des années, une certaine confiance s'est installée entre La Chouette et moi, et elle s'est laissée aller à quelques confidences. Je suis son "ptiot" comme elle dit. Elle m'a confié que j'ai été enlevé dans un village de halflins nommé Bonplaisir, un peu à l'ouest de la grande ville d'Yseldar. Je n'ai aucune idée d'où cela se trouve, mais ça fait un but au moins.

Un soir, La Chouette m'a entrainée un peu à l'écart du campement. Elle avait l'air affolée, ce qui n'est pas son habitude. Faut en faire pour l'affoler la vieille ! Comme je lui demandais ce qui se passait, elle s'est agenouillée devant moi pour me regarder dans les yeux et m'a dit: "Ecoute mon p'tiot, on n'a pas beaucoup de temps. Ils veulent te tuer. Ils ont compris qu'ils perdent leur temps avec toi, alors il vont venir se débaraser de toi. C'est pour ce soir. Ecoute moi, j'ai quelque chose à te confesser. C'est moi qui t'ai enlevé à ta famille. Je connaissais bien tes parents à l'époque. Ils sont morts, je suis désolée. Mais il te reste peut-être quelqu'un à Bonplaisir. Ta grand mère est peut-être encore vivante. Va la-bas, sauve toi, vite et pardonne moi".

Elle est partie sans se retourner me laissant là, noyé dans un flot de pensées chaotiques. Me sauver ??? Oui.... mais avant... avant... j'ai quelque chose à faire. Me cachant dans les zones d'ombre, je me suis dirigé vers la roulotte du chef de la meute. C'était lui le responsable de tout ça. Il fallait qu'il paye. Ah vous m'avez appris à poser des pièges ??? Hébin tu vas voir celui que tu vas te prendre dans le pif espèce de fumier !

Au pied de la roulotte, j'ai entendu le rire gras du chef filtrer de l'intérieur. Il devait être en compagnie de Laura, ou de Clara ou des deux. Deux chics filles qui n'avaient pas eu le choix elles non plus. La colère me prenant, j'ai disposé les pièges en silence. Tiens en voilà un pour mes parents ! Celui-là c'est pour moi. Et celui-là il est pour la pauvre Laura. Et un pour Clara pour finir ! Ah je les ai particulièrement soignés ces pièges ! Il va brûler en enfer !!!!!

Je me suis éloigné un peu de la roulotte, et dans l'ombre d'un chêne j'ai hurlé : "ALERTE ! ALERTE ! IL S'ENFUIT !!!!"

La porte de la roulotte s'est ouverte avec fracas. Le chef est apparu sur le seuil en tirant Clara par le bras. "Qu'est-ce que c'est que ce bordel ??? Allez la pétasse fous le camp toi".

Devant mes yeux horrifiés, j'ai vu la pauvre Clara descendre les quelques marches de la roulotte. Je me suis précipité en criant "CLARA... NON !....NOOOOOON !!!!" Trop tard, bien trop tard. Elle a eu l'air tellement étonnée quand le piège s'est déclanché... sur nous deux. En une fracton de seconde, avant que le néant nous engloutisse, elle a semblé me sourire, comme pour me rassurer, comme quand nous étions enfants et qu'elle me disait "t'as encore raté ton piège ? Allez, ça ira mieux la prochaine fois".

Elle avait raison. Ca a été beaucoup mieux cette fois là. Un beau piège, bien mortel. Avec elle et moi dedans.